"Je m'approche de la peinture comme le scientifique face à une expérience. En effet, la peinture elle-même est science puisqu'elle se fonde sur la physique optique. Chaque couleur a une radiation avec une longueur d'onde bien définie, par conséquent l'effet de la composition picturale est la combinaison de ces radiations qui frappent l'oeil et excitent l'esprit.
La technique picturale exploite les lois de la lumière: l'absorption, la réflexion et, surtout, la diffraction. C'est pour cela que la peinture matiériste tire le plus grand avantage des phénomènes physiques qui concernent la lumière.
La peinture donc, y compris celle où prévaut le geste (informelle ou abstraite ), n'est pas produite par l'inconscient, mais par des choix mesurés et équilibrés. Elle est le fruit d'une sélection consciente des couleurs, du fond, de la pâte afin de créer une composition qui est le résultat visuel de la carte mentale."
Exposition "Théorème", présentation de Maria Teresa PRESTIGIACOMO
Un théorème complexe, celui-ci, unifiant tous les autres, presque une affaire de théologiens, de scientifiques de la non forme.
Comment sa peinture matérialiste,sans figures, peut-elle raconter une épopée historique ou faire face à des thèmes qui enfoncent leurs racines dans la grande Histoire?
Sa force réside dans le signe minimal mais efficace, dans sa maîtrise à traiter la matière qui donne du corps et de la substance à des compositions équilibrées.
La matière nourrit son récit de peinture, elle le soutient, elle le maintient en équilibre, elle confère du corps au balancement chromatique des différentes parties dans l'espace canonique de la toile.
La matière est sensualité, passion, corporéité, véhémence, chaleur.
Elle seconde la métrique picturale au rythme chromatique cadencé, toujours sobre, composé, raisonné de l'artiste, le conduisant en un tourbillon sensuel de pensées, autant de variations sur le thème du moi.
Son huile, au couteau, se répand sur la toile avec des traits reconductibles à un schéma pictural préparé,architecturé, du début jusqu'à la fin.
Sa toile se transforme en une ronceraie de jours hors du temps dans l'oeuvre "Entropia" où il exprime la joie de celui qui aime le monde et contemple sa kaléidoscopique métamorphose. Ce n'est pas un effet du hasard si une oeuvre porte le titre "Vivendi" : d'un impact chromatique percepteur très fort.
Sa force expressive est surtout due à l'adoption de la gamme de la couleur orange qui symbolise l'énergie, la transformation la vigueur de la régénération.
La remarquable musicalité des oeuvres de D'Alessandro est soulignée, en particulier,dans l'oeuvre "Sirtaki" où le "vibrato" musical et émotif jaillit de l'action intense et dynamique du couteau qui, dans la toile, semble refaire les signes agogiques du chef d'orchestre. Celle-ci dirigée par le maître, donne vitalité, mouvement à l'oeuvre, dans un mix parfait de rythmes et de clairs-obscurs.
En résumé, dans toute les oeuvres de cet artiste, on entrevoit la matrice culturelle générale de l'informel, avec les traits de ce courant qui naît dans les années trente/quarante, lié aux thèmes philosophiques de la phénoménologie et de l’existentialisme (Sartre) et à ceux d’écrivains tels que Miller, Genet, aimé du metteur en scène Sthreler et Beckett.
Le texte qui fixe et scelle les traits de ce nouveau courant est « Un art autre » de Tapié,de 1952 . Dans ce manifeste, on n’affirmait pas la supériorité de la non-forme sur la figure, mais plutôt la rupture avec l’écriture classique précédente et le début d’une nouvelle épopée, une épopée d’aventures, de voyages entre signes et chaos chromatiques où l’artiste, l’homme,celui qui jouit de l’œuvre pouvait se perdre.
: « La toile est un champs de bataille où les blessures se multiplient infiniment », de même, D’Alessandro blesse ses toiles pour arriver au cœur des gens.